Yerma, épouse stérile. Une tragédie, disait Lorca, et rien d'autre. Une tragédie avec quatre ou cinq personnages et un chœur comme dans le théâtre antique. Et tout est dit, le public le comprend d'emblée. C'est un thème, insistait Lorca. Mais autour du thème se dessinent les arabesques : la vie villageoise, les racontars, les croyances plus ou moins païennes et d'étranges sortilèges comme ont pu en rêver Goya ou Dali. Dés lors la scène s'affole, la couleur éclate et brise le silence blanc des murs andalous. Les critiques du monde entier ont été surpris, déroutés par le langage poétique des paysans de Lorca, oubliant que la poésie est la langue naturelle de l'auteur, langue enracinée dans le sol natal.
Lorca disait que Yerma était, avec Noces de Sang , son œuvre préférée, mais derrière celles qu'il lui restait à écrire, ajoutait-il malicieusement… C'est que se retrouve ici la synthèse du poète, de l'homme de théâtre, du musicien, du dessinateur qu'il a été. Avec l'élégance de l'érudit et la franchise du paysan.