Ce projet est né entre Céline Laly, Emmanuelle Brunat et moi : relisant cette partition, nous avons voulu comprendre. Cette femme, japonaise en 1900, est entourée de figures d’hommes qui volent, méprisent ou déchirent son bonheur : son père, Goro, Sharpless, Yamadori, son propre fils et bien entendu Pinkerton. Comme si tous ces hommes n’étaient qu’un seul homme jouant avec la petite Butterfly, fantoche sans désirs, sans coeur, sans âme. Sorte d’androïde d’un scénario d’anticipation à qui l’on arrache le coeur et qui n’aurait pas d’autre réaction qu’un battement de paupière un peu plus irrégulier. Que choisit-elle vraiment ? Quelle force exerce la culture millénaire de ce destin que l’on accepte sans se plaindre ? Quel écho trouve-t-on à ce sens de l’honneur en occident ? Je convoque mes livres de chevet, mes disques préférés, mes scènes de film favorites, et mes intuitions pour éclairer le parcours de cette femme. Et puis surgit Suzuki. La confidente, l’amie qui a tout vu, tout entendu, qui était là, qui n’a pas pu, qui aurait du... Peut-être est-ce le moment de déposer le fardeau ? Portrait à posteriori d’une femme par une femme, Suzuki trace, à l’encre de chine, les ombres de celle qui, comme le papillon, ne vécut que le temps de donner la vie
Arnaud Guillou
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