Punkes (de Rachel Arditi et Justine Heynemann)

Compagnie Soy Création        Mise en scène : Justine Heynemann


Lundi 20/05 à 21h, durée: 1h30
+12 ans
Punk.e.s ou Comment nous ne sommes pas devenues célèbres
Tout commence en Grande Bretagne à l’hiver 1976 : « Un hiver terrifiant. L’hiver du mécontentement. Le pays est tombé dans une crise sans précédent. Les jeunes sont au chômage. Les rues sont grises, le futur est noir. Tellement noir qu’il a disparu », écrit Rachel Arditi Quatre filles en colère créent le premier groupe de punk féminin britannique, The Slits. 

Moins connues que leurs homologues masculins des Sex Pistols ou des Clash, les Slits n’en sont pas moins restées dans l’histoire du rock comme des pionnières, qui ouvriront la voie aussi bien à Björk qu’à PJ Harvey, Beth Ditto ou Lady Gaga. Le spectacle fait vivre leurs rêves et leurs combats contre un milieu du rock qui est encore un bastion masculin tout aussi machiste que le reste de la société, et contre le formatage de leur image imposé par les maisons de disques.

Leur épopée de quatre ans est restituée dans un spectacle d’une énergie formidable, avec cinq comédiennes musiciennes déchaînées.

La fougue des six artistes qui jouent, chantent et interprètent, en plus des membres du groupe, seize autres personnages, nous maintient dans un rythme effréné.

La scénographie évoque une salle de concert abandonnée. Les espaces se construisent avec quelques accessoires… Guitares électriques, basse, batterie et clavier complètent ce dispositif astucieux. Mis en scène dans la plus pure tradition élisabéthaine, cet incroyable spectacle nous invite à redécouvrir en « live » les morceaux mythiques des Clash, Rolling Stones ou de Patti Smith… et, bien entendu, des Slits. Un poétique et inédit voyage dans le temps !

Note d'intention :

Une étude récente, menée dans le secteur de la musique actuelle souligne que la pratique ins- trumentale pourrait apparaître comme genrée. C’est-à-dire que chaque instrument serait associé au genre masculin ou féminin.
Cette association découlerait des stéréotypes qui sont quotidiennement véhiculés dans notre société, notamment à travers les médias, les produits cultu- rels ou la publicité..
Je n’arrivais pas à croire à cette étude. Il me sem- blait qu’en 2022, le monde avait suffisamment évolué pour que nous soyons à l’abri de ce genre de clichés.
La réalité a surgi avec une violence inattendue, là où je m’y attendais le moins : lors des auditions pour la distribution de « Comment nous ne sommes pas devenues célèbres ».
Je cherchais une jeune interprète capable de jouer de la basse pour tenir le rôle de la bassiste des Slits. Sur cinquante candidates, il n’y avait qu’une véritable bassiste, Kim, que j’ai engagée dans le spectacle.
Lors de cette audition j’ai rencontré Laure-Marie, qui jouait remarquablement de la guitare électrique. En discutant avec elle, je découvre qu’elle a égale- ment un très bon niveau de saxophone.
Je m’extasie : quel atout merveilleux. Grâce à ses compétences exceptionnelles, elle devait enchainer les engagements. Elle me répond avec un petit sourire mi triste mi amusé:
En 2022 il est grand temps de représenter sur scène des héroïnes saxophonistes, batteuses, bassistes.

Les Slits se saisissent d’instruments de musique « virils » « réservés aux hommes » avec une audace rafraîchissante. J’aime à croire que cet exemple sera un déclencheur pour toutes les musiciennes en herbe qui verront ce spectacle.

Peut-être oseront-elles mettre leur violon au placard pour s’emparer d’une guitare électrique ou d’une batterie.
Peut-être chanteront-elles à pleins poumons sans avoir peur d’être fausses, moches ou grosses.
Peut-être que, comme les Slits l’ont fait en 1976, elles assumeront de prendre leur place.
Peut-être que Laure-Marie jouera enfin du saxo- phone devant un public.
Et peut-être que mon fils de six ans fera de la harpe quand il sera plus grand…
En 2022, il serait temps.

Justine Heynemann


Rachel Arditi après des études de Lettres Modernes se forme au théâtre avec Francine Walter, et à la musique avec Gordana Vogric et à l’Ecole Normale de Musique de Paris. Elle débute très tôt sur les planches avec Bernard Murat, avant de nombreuses collaborations avec des metteurs en scène d’horizons variés. Elle tourne régulièrement pour le cinéma et la télévision. En 2023, elle publie son premier roman : J’ai tout dans ma tête.
Avec Justine Heynemann, elle adapte Les petites reines et Songe à la douceur, coécrit Lenny, en hommage à Leonard Bernstein, et Punk.e.s. Après de études de Lettres modernes, Justine Heynemann crée la compagnie Soy création et met en scène des classiques revisités et des textes contemporains, dont La discrète amoureuse, prix Beaumarchais de la critique.
En 2007, elle écrit sa première pièce Rose bonbon.
En 2019, elle met en scène La Dama Boba, Tout ça, tout ça et reçoit le prix SACD de la mise en scène.
En 2022, elle adapte Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir. Rachel Arditi et Justine Heynemann viennent d’adapter et de mettre en scène Culottées de Pénélope Bagieu pour la Comédie Française.

Ce qu'ils en disent :

« L’époque revit, aussi, à travers les morceaux choisis et réinterprétés avec brio, et qui composent un véritable paysage fait de colères, de désirs, de sensibilité et de lucidité face au futur qui se profile.(…) Mais, si ces années punk sont ainsi réinscrites dans le présent, c’est surtout grâce au talent des six interprètes, aussi doués en matière de jeu que de musique ».
Le Monde

 « La bande son s’inscrit dans ces années 1970 avec des extraits du Velvet Underground, de Patti Smith, d’Iggy Pop…, et on est entrainé dans cette effervescence sonore. Jusqu’au concert final, qui explose avec rage, où les Slits ressuscitées reprennent possession de leurs compositions afin de faire danser une dernière fois leur public. Punk.e.s est un spectacle qui fait du bien, un lâcher-prise qui se propage et qui donne envie de se révolter».
Cult.news


Interprétation :
Rachel Arditi, Charlotte Avias, James Borniche, Kim Verschueren, Salomé Dienis Meulien et Camille Timmerman

Quelques images du spectacle


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Crédit photos : Arnaud Dufau


L'équipe du spectacle :

Mise en scène : Justine Heynemann
Scénographie : Marie Hervé
Compositeur : Julien Carton
Céateur costumes : Victor Molini