Rien ne va plus dans la demeure de Chrysale. Sa femme et une de ses filles, avec l'aide d'une belle-sœur à la limite de la démence, ont fait de cette paisible maison un sanctuaire du faux-savoir, du pédantisme, de l'illusion de la science, pour tout dire une sorte d'église sectaire où triomphent les cuistres à la mode.
Les conséquences sont graves : la vie sentimentale, familiale, tombe sous la Loi de cette « exigence supérieure », de ce culte malsain du livre sacralisé. Les fonctions les plus élémentaires (aimer, assurer la nécessaire continuité de l'homme), sont bannies au nom d'une « pureté supérieure ».
On le voit, un tel univers évoque à nos yeux, que la philosophie des Lumières a dessillés, les pires périodes de l'histoire. C'est que Molière, libre-penseur, n'a pas dans cette pièce accusé les femmes d'être savantes, il a plus sérieusement dénoncé la tyrannie de toute pensée intégriste, et, avec sa drôlerie coutumière – n'oublions pas que c'est là une de ses meilleures comédies –, en a appelé à l'humain contre l'artifice, au naturel contre les snobismes, à la raison contre les gourous de toute espèce.