Cette pièce commence là où celle de Shakespeare finit, pour nous dévoiler Lear après Lear . L'ancien roi dépossédé de tout, hanté par ses erreurs, à nu, y est accompagné d'un humoriste implacable, son Fou. Lear sait qu'il a mal fait mais ne sait pas pourquoi. Son Fou devient à la fois son juge et son témoin.
Ces deux clowns sublimes, d'une grande force tragique mais non point tristes, sont magistralement interprétés par Jean-Claude Drouot et Serge Le Lay, qui donnent vie pour la première fois sur scène au texte puissant du célèbre fondateur du Festival Off d'Avignon, écrit pour Alain Cuny en 1989 mais jamais monté jusqu'ici.

« Jean-Claude Drouot s'empare du texte d'André Benedetto pour le prendre à bras-le-corps, s'en imprégner complètement et le faire sien ; et de fait il est possédé, il est la folie, il est la colère, il est la fureur… la douleur aussi. La force de son jeu vous cloue une heure et demie durant à votre siège, admiratif. Il place la barre très haut et son partenaire, Serge Le Lay, est à la hauteur du challenge. Il renvoie la balle avec légèreté, stoïque face au maelström. La mise en scène, d'une redoutable efficacité, est appuyée par des lumières et un habillage sonore d'une rare qualité qui donnent au décor minimaliste une profondeur étonnante. Lear et son fou valent décidément le détour (...), c'est une leçon ! » Franck Glatigny - Lebruitduoff.com -
« Quand le In s'invite au Off... (...) Nous avons là, peut-être, la performance d'acteur la plus remarquable de ce mois de juillet en Avignon. Jean- Claude Drouot prouve une fois encore, s'il en était besoin, qu'il est l'un des derniers monstres de notre patrimoine théâtral national, campant un roi Lear hallucinant dans sa déchéance et sublime dans sa solitude démesurée. Le roi Lear, qui n'en est plus un, subit, ou plutôt, organise comme en expiation son propre procès avec pour juge et témoin son seul fou. Un texte puissant d'André Benedetto (...)
jamais monté depuis. Jean-Claude Drouot (...) relève le défi aujourd'hui avec succès, transcendant ce texte difficile. Il faut le voir arpenter cette lande désertique en berger fou des tempêtes, jetant des regards tourmentés où brillent des éclairs de lucidité, le corps torturé, voire supplicié, par son remords trop lourd à porter. Son seul guide, son chien de troupeau, un fou qu'il ne faut pas oublier : Serge Le Lay nous livre une prestation attachante, un fou plutôt sage au final, à la fois lunaire et lumineux, mais aussi profondément humain. Et c'est ce regard qui nous rend la fin de Lear aussi émouvante ; c'est ce fou qui rattache encore ce roi déchu au monde des hommes. » Jean Claude Piogé - LaProvence -