Le Blog du Comité des Jeunes

Post N°14

L'échappée
L'échappée (Philémon Vanorlé)
Spoutnik Théâtre, mise en scène : Philémon Vanorlé



« L’échappée »: l’absurde au service du concret.
Dans un monde où plus rien n’a de sens, tout converge en un point: la mort; cet inéluctable arrêt de la vie porté depuis toujours en Occident comme un fardeau. Ici, la mort est perçue comme une simple contrainte physique matérialisée par un objet en particulier: le cercueil. Un homme, seul sur scène, défie cette contrainte par le biais d’une démarche d’ordre artistique. De façon complètement absurde et excessivement drôle, il repousse les limites de la mort, ainsi que celles de l’art. Alors, l’art transcende la mort et le monde matériel.
Cette curieuse réflexion est menée grâce à des installations artistiques. Une en particulier fera l’objet d’un plus profond développement, un cercueil aux jambes écartées. Celui-ci peut paraître sans intérêt, pourtant, il met en difficulté toutes les normes relatives à la mort. Personne ne veut de ce cercueil, sauf Patrick. Patrick collectionnait les véhicules utilitaires et il se trouve qu’il avait débusqué un corbillard pouvant accueillir cet atypique cercueil. Un lien s’est alors crée entre Philémon (l’artiste plasticien) et Patrick.
Hormis l’amitié entre ces deux individus, le cercueil a permis l’apparition de plusieurs phénomènes, dont un questionnement sur la nature de l’art et la possibilité de posséder celui-ci. En effet, la question est légitimement posée: Une fois partagée, une œuvre appartient-elle toujours à son créateur ?
« L’échappée » explore également le thème de l’envie. Peut-on faire quelque-chose simplement par envie? Peut-on personnaliser son cercueil, ou même sa mort par envie? Peut-on briser les usages liés aux enterrements par envie? Ou alors est-ce que toutes ces démarches ont un sens plus profond? Nul ne sait.
En conclusion, « L’échappée » est une exploration artistique presque contemplative et antithétiquement vivante sur la mort. Cette réflexion oxymorique opposant le décès au monde matériel est menée avec humour et vivacité d’esprit. Néanmoins, certains auront probablement considéré que le court-métrage projeté à la fin de cette prestation aura été de trop.